Romann Ramshorn - FAQ

  • Pourquoi fais-tu uniquement du noir et blanc ?

La question ne se pose pas vraiment. J'aime cet univers à la fois brut et onirique, cette simplification tout en profondeur. En plus, grâce au noir et blanc, nous entrons directement dans la vision, dans l'interprétation. La problématique de la "vérité photographique" n'existe pas. Le côté hors du temps a beaucoup d'importance également.

  • Quels films utilises-tu, comment obtiens-tu ce grain ?

J'ai toujours utilisé les films que me tombaient sous la main, souvent en fonction du prix. Avec les années, j'ai passé à peu près toute la gamme existante. Les Agfa APX et les Ilford Pan me plaisent beaucoup, mais je n'en ai jamais fait un critère. Idem pour la chimie. Je n'ai jamais poussé un film, et au développement je respecte les temps indiqués. Donc pour le grain, je ne sais pas vraiment, j'en ai toujours eu plus ou moins. Je pense que cela peut venir de la manière dont je secoue ma cuve, assez brutalement. Sans doute aussi que le fait de numériser les négatifs avec un Coolscan aide à rendre précisément la structure granuleuse d'un film.

  • Es-tu un photographe humaniste ?

J'aurais peut-être préféré, mais le temps ne s'y prête plus guère. La photographie humaniste s'est développée dans une période relativement optimiste, dans l'euphorie de l'après-guerre, des trente glorieuses, du plein emploi, dans l'illusion du progrès continu, social comme économique. Aujourd'hui, tout ça, c'est terminé.

Cela appelle à un regard plus dur, plus déconcertant. Simple silhouette au regard perdu. Collectivement, nous sommes en train de détruire une richesse et une beauté inimaginable, tout cela pour un confort éphémère. Non, le temps n'est plus à la photographie humaniste.

  • Un photographe subjectif ?

La photographie subjective se réfère je crois à un courant bien établi depuis Otto Steiner et le début des années 50. Je l'ai assimilée de cette manière : un travail graphique et formel, mais jamais abstrait, qui joue sur l'inconscient et l'imaginaire collectif en traitant les objets et les choses les plus banals pour leur insuffler une dimension métaphorique et intime. Cela me colle déjà mieux.

  • Que cherches-tu à montrer à travers tes photographies ?

S'il était possible de le dire autrement qu'avec des photographies, je ne ferais pas de photographies.

  • Y-a-t-il des textes qui accompagnent les séries ?

Pour certaines séries, oui. Ces textes sont disponibles à la page « à propos ». Mais je précise que de mon point de vue une photographie existe avant tout par elle-même, indépendamment de toute explication.

  • Pourquoi rester à l'argentique, et ne pas passer au numérique ?

La question ne se posait pas lorsque j'ai commencé la photographie. Et même après, cela fonctionnait très bien, alors pourquoi changer ? Je suis attaché à l'existence physique du négatif, j'aime ce rapport à la matière, au grain. Chaque négatif possède un mystère, une personnalité, et c'est cela qui donne une tonalité unique à chaque photographie.
Et puis, avec 40 ou 50 films, tu peux être autonome durant trois semaines dans les coins les plus isolés, sans avoir à te soucier d'électricité.

Mais aujourd'hui, je ne fais plus de photographies. J'essaye de comprendre celles que j'ai déjà faites.

  • Quel est l'intérêt de numériser tes négatifs ? Comment traites-tu tes images ?

Je suis en fait à la croisée des mondes, entre argentique et numérique, et j'essaye de tirer le meilleur parti des deux. J'utilise un scanner dédié aux négatifs, le Nikon Coolscan V Ed, puis je nettoie l'image sur Photoshop, avec le moins de retouche possible. Un peu de densité ou contraste, en général pas plus, et le plus souvent rien du tout. De mon point de vue, l'esprit de l'argentique se situe à la prise de vue, je n'ai jamais aimé m'enfermer dans un labo.

  • Fais-tu des expositions ?

Quelques-unes ! Si j'ai une exposition en cours ou prévue pour dans peu de temps, elle se trouve à la page « infos ». La liste des expositions passées est à la page « expositions ».

  • Est-ce que tu vends tes photos ? Combien ?

Oui, il est possible d'acheter des tirages par le biais de ce site, à partir de 140 euros. Tous les détails ici.

  • Quel matériel utilises-tu ? Quels films ? Quel scanner ? As-tu des préférences ?

Presque tout est dit à la page « équipement » !

  • Quelles sont tes influences ?

Chronologiquement, les plus marquants sont Cartier-Bresson, Depardon et Plossu. Une école à la française si on veut ! Mais ce sont sans doute les peintres, et d'ailleurs surtout ceux qui ont du s'adapter à l'invention de la photographie, qui m'impressionnent le plus. Pour revenir à la photographie, j'ai tout de même tenté une liste de photographes ici.

  • Dans ton livret "Eldorado", tu sembles justement chercher à te justifier par rapport à tes influences. Pourquoi ?

Ha ha, le "ni Plossu ni Sluban" ! C'est pour m'amuser ! Je fais partie d'une génération un peu coincée entre les maitres, installés, reconnus, qui ont exploré à peu près tous les sujets, et la photographie plasticienne, qui en général ne m'intéresse pas du tout. Alors, avec une photographie "classique", qui ne fait que prolonger une histoire vieille d'un siècle, comment exister ? J'ai voulu pousser ce paradoxe jusqu'à son retranchement. Je crois que ceux qui regardent mes photographies, et qui pensent que je dois me libérer de mes influences pour exprimer mon propre point de vue, se trompent de grille de lecture. Celui qui reçoit doit aussi se défaire de ses propres automatismes culturels. Lire une image, ce n'est pas dresser un catalogue de références. Cela demande sans doute un petit effort, mais voilà, il s'agit d'une invitation, avec une pointe de provocation et d'humour, à considérer ce que ma photographie a à dire de singulier, et à creuser un peu plus loin.

  • Est-ce que tu vis de la photographie ?

Ma réponse il y a 15 ans : "Depuis plus de dix ans, je vis pour la photographie, et non de la photographie."

  • Penses-tu qu'il soit possible de vivre de sa photographie d'auteur ?

Non, sans commande, vivre de sa photographie me paraît très compliqué.

  • Quelles sont tes destinations favorites ? Quels pays as-tu déjà visités ?

Globalement, je pense qu'il faut arrêter de voyager. Ou voyager moins loin, plus lentement.

  • Comment voyages-tu ?

Réponse d'il y a 10 ans : "Le plus souvent avec ma Clio, qui me sert également d'hôtel et de restaurant. J'aime être sur les routes, lire des cartes. J'aime dormir dans des endroits toujours différents, j'en trouve régulièrement de magnifiques, et je me sens alors comme un privilégié, goûtant avec délice la tranquillité et la beauté de lieux que je ne partage qu'avec le silence, le ciel, le vent, la faune et la flore. Je savoure toujours ces moments-là."

  • Je me pose une question, mais elle n'est pas dans la FAQ. Est-ce que je peux te la poser quand même ?

Oui ! Le formulaire de contact est aussi là pour ça. Et du coup elle apparaîtra peut-être ici.

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