Hopeless

Hopeless, Athènes 2012

Si la population semble résignée, les murs, eux crient. Toute la ville est recouverte d'affiches, de tags, et de slogans en tous genres. Artistes, activistes, tout le monde s'y met, jusqu'au second étage des immeubles, et dans les halls d'entrée. Là, l'université polytechnique nationale d'Athènes.

Plus qu'à la révolte, cet amoncellement renvoie plutôt à un sentiment d'abandon. Ici, dans le quartier Exarchia, distant d'un kilomètre environ de Syntagma, la place du Parlement.

Ramshorn Romann

A l'inverse du fouillis des murs, la grande majorité des encarts publicitaires, elle, reste désespérément vide, comme le symbole de la vacuité d'un système qui vacille.

Romann Ramshorn

La Banque de Grèce, en bonne place au rang des accusés de l'effondrement économique, s'en tire pour l'instant avec quelques inscriptions sur sa façade.

Romann Ramshorn

A en juger par l'état des immeubles, la crise actuelle s'ajoute à beaucoup d'autres. Athènes est probablement l'une des villes les plus laides d'Europe.

Romann Ramshorn

En premier plan, l'académie d'Athènes, et au fond, l'université nationale.
Le passant ignore visiblement les injonctions de son illustre prédécesseur, qui lui indique la direction opposée à celle qu'il emprunte. Mais il semble un peu isolé dans son mouvement de désobéissance civile.

Romann Ramshorn

Les syndicalistes, communistes, anarchistes, et autres opposants politiques font ce qu'ils peuvent pour créer un grand mouvement de contestation du "diktat de la troïka", mais peinent à rassembler en masse.
Au bout de la rue, la queue du cortège de la grande manifestation du 12 Février, qui réunira 80 000 personnes.

Romann Ramshorn

Le Parlement grec, où se décident des mesures d'austérité sans précédent, vu à travers l'aération d'une banderole anarchiste, le 12 Février.

Le nouveau plan, adopté dans la nuit, "prévoit des coupes drastiques dans de nombreux budgets, la suppression de 15 000 postes de fonctionnaires et la baisse de 22 % du salaire minimum, ramené à 586 euros brut sur quatorze mois." Le Monde du 12-02-2012. Avec cette réforme, l'écart entre le salaire de base d'un grec et celui d'un chinois ne sera plus que de 150 euros.

Romann Ramshorn

Les multiples grèves générales donnent des airs de ville morte à la capitale grecque. Ici, un parking du port du Pirée.

Romann Ramshorn

Toujours au Pirée, une barrière interdisant l'accès à un immense édifice qui ne sera vraisemblablement jamais achevé, en partie à cause de défauts de structure. Quelques sans-abris ont élu domicile à l'intérieur.

Romann Ramshorn

Par ailleurs, ceux qui possèdent encore quelque chose cherchent à le préserver comme ils peuvent.

Romann Ramshorn

Beaucoup de fils barbelés, çà et là. Ceux-ci évoquent immédiatement la prison virtuelle dans laquelle est enfermée la population. Mais il est difficile de savoir de quel côté cette prison se trouve effectivement.

Romann Ramshorn

La nuit, dans la plupart des quartiers, il ne se passe rien. Pas de "sentiment d'insécurité", mais l'ambiance est assez glauque.

Romann Ramshorn

L'éclairage publique dans certaines rues est minimaliste, accentuant cette impression de décor de film noir.

Romann Ramshorn

Une vision de chute, de déclassement général, me saisit parfois l'esprit. Il m'arrive de penser que la "tiers mondialisation" approche, que le point de bascule a déjà été atteint.

Romann Ramshorn

A force d'errer, de tourner dans les rues, je finis par être étourdi, abasourdi, démoli, écrasé par la torpeur qui s'est abattue sur la ville. Je passe le temps comme je peux.

Romann Ramshorn

Au lendemain du rassemblement du 12 Février, Athènes se réveille avec 46 bâtiments détruits par les flammes. Les médias internationaux se focaliseront sur ces actes de vandalisme pour décrire un climat d'émeutes et de guerre civile.
Ici, les pompiers éteignent les dernières flammes d'un immeuble à l'aide d'un tuyau percé.

Romann Ramshorn

Toujours ces encarts, vides, inutiles et ridicules. Des gens ont trouvé refuge sous ce pont, des jeunes, tout récemment mis à la rue, qui dorment là, sans ressource ni solution d'accueil.

Romann Ramshorn

La photographie qui donnera le titre à la série. Dessinée sur la porte d'une boutique fermée et délabrée, une jeune fille tenant une pancarte "Hopeless".
"Système monétaire", "individualisme", "aristocratie", "guerre", "religion", "corruption", "immoralité", "injustice", "solitude" complètent le slogan.

Romann Ramshorn

Sans doute l'image qui traduit le mieux la rue normale, classique, d'Athènes.

Romann Ramshorn

En marchant un peu, impossible de ne pas croiser la misère, elle est là, omniprésente. Clochards, mendiants, désoeuvrés, toxicomanes et prostituées se partagent le trottoir, dès lors que ceux-ci ne sont pas occupés par les forces de l'ordre.

Romann Ramshorn

Des sortes de bidonvilles commencent à se former, loin du centre ville. Ici, sur la route de l'aéroport.

Romann Ramshorn

En fait, la réalité de la rue est si rude, que sa seule suggestion suffit à en mesurer l'ampleur.

Romann Ramshorn

A l'heure actuelle, la Grèce, berceau de la civilisation européenne, demande l'aumône à ses créanciers, en échange d'un recul programmé du niveau de vie de toute sa population.
L'exemple grec résonne comme une victoire historique du libéralisme sur la politique. Ce succès pointe le plan du système financier : orchestrer et instrumentaliser les crises successives, enterrer le principe de redistribution des richesses, briser le modèle social européen, et faire accepter des salaires de plus en plus bas aux travailleurs, partout dans le monde.